Pétole…

28 mars 2020. Nous voilà au cœur du confinement. L’embarcation Terre de l’Élu traverse cette étrange épreuve comme un bateau englué dans les calmes du Pot-au-Noir plutôt que tourmenté par ses violentes rafales. La touche « pause » semble enclenchée. Le commerce est comme figé au point mort avec l’arrêt de l’activité des cavistes et restaurateurs et l’export fortement en panne à cause des fermetures de frontières. Les vignes et la nature en général profitent d’une sérénité bercée par le chant des oiseaux et le souffle du vent qui s’accroche aux branches, à peine troublée de temps à autres par le passage furtif d’un lièvre, d’un vigneron armé d’un sécateur qui doit finir la taille, ou encore d’un tracteur que l’on entend au loin car il faut encore ramasser les souches, tondre l’herbe devenue haute et broyer des sarments. Ailleurs, d’autres que nous, tous proches ou plus éloignés, sont occupés à poser des bougies en vue des nuits gélives, et restent debout, ces mêmes nuits, combattant contre le froid, tentant de sauver les jeunes bourgeons.

Nous restons  en couple à la barre, enchainant les quarts, le reste de l’équipage étant confiné chez lui par les différentes mesures gouvernementales qui nous permettront, nous l’espérons, de sauver notre esquif. Étrange moment où l’activité économique semble suspendue hors du temps alors que la nature, inexorablement, persiste dans sa marche vers l’été. D’ici là, nous gardons en nous l’Espérance d’un après qui sera différent, meilleur, et d’un vent porteur pour regonfler nos voiles et reprendre le bon cap.

Photo Philippe Plisson

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